KISHI – How many secrets can you keep ?

C’est dans la froideur d’une cellule que Kishi naquit. Sa naissance était un acte voulu mais pas par deux êtres s’aimant d’un amour profond. Non, elle avait été mise au monde grâce à la science par une mère porteuse dont elle ne connaissait que le nom : Elwë. Elle ne savait pas si elle devait l’aimer ou non, n’ayant pas eu de contact avec cette dernière. En effet, les scientifiques préféraient enlever les louveteaux de la mère dès les premières heures, évitant qu’une complicité naisse entre les individus liés par le sang, ne laissant que le vide aux petits mais surtout à la mère qui n’avait pas l’occasion de prendre dans ses bras les petits qu’elle avait gardé au creux de son ventre pendant plusieurs mois.

C’est dans une cage qu’elle passa le début de sa vie. Louve elle était mais chienne ils la traitaient. Elle n’avait connu que ça. Le froid et la solitude qu’habitaient cette cellule, entassée avec d’autres loups tout aussi perdus qu’elle. Certains soumis se laissaient faire sans émettre le moindre jappement, d’autres se rebellaient et se voyait emmener ailleurs, on ne sait trop où. Kishi, elle, ne disait rien. Elle encaissait fièrement, rechignant à baisser le museau devant ces ignobles personnes qui la traitaient comme un rebus, une expérience dont ils pouvaient se débarrasser au moindre problème. Elle espérait qu’elle ne passerait pas sa vie ici, avec comme seuls éclairages les néons de ce lieu maudit.

Elle découvrit qu’elle pouvait se changer en humain, revêtir la peau des mêmes personnes qui les considéraient comme du bétail. Elle en éprouva de la peur, de l’incompréhension et du dégout. Puis ce fut de la curiosité et de l’attirance envers ce corps qu’elle ne connaissait pas. Elle ne se voyait pas autrement qu’en louve, considérant ce corps comme une partie d’elle un peu damné qu’elle ne rejetait pas totalement pour autant.

Et puis il y eut une brèche et Kishi ne se fit pas prier, jouant des crocs et de subtilité pour parvenir à se glisser hors de cet endroit dans lequel elle ne souhaitait pas mourir. Elle avait essayé car il valait mieux mourir en cherchant la liberté tant désirée plutôt que de vivre enchainée.